Sixième jour
22 h 12

Charley était reparti se coucher après le dîner. Il dormait encore à 10 heures quand nous nous préparions, Mae et moi, à ressortir. Nous avions enfilé un gilet et un blouson : il allait faire froid. Nous avions besoin d’un troisième pour nous accompagner. Ricky a déclaré qu’il restait pour attendre Julia qui allait arriver d’une minute à l’autre. Cela me convenait : je ne voulais pas de lui. Vince avait disparu ; il regardait la télé, un pack de bières à portée de la main. Il ne restait donc que Bobby.

Il ne voulait pas venir, mais Mae l’a fait changer d’avis en piquant son amour-propre. Il restait à déterminer comment nous allions nous déplacer, sachant que la cachette de l’essaim pouvait se trouver à une certaine distance, peut-être même à plusieurs kilomètres. Sur la moto de David ne pouvaient prendre place que le conducteur et un passager. Nous avons appris que Vince avait un véhicule tout-terrain sous l’abri à voitures. Je suis allé lui demander la clé. Assis sur un canapé, il regardait : Qui veut gagner des millions ?

— Pas besoin, déclara-t-il.

— Comment ça ?

— La clé est dessus. Elle y reste toujours.

— Es-tu en train de me dire qu’il y avait là-bas un véhicule avec la clé sur le contact ?

— Oui, c’est ça.

« Pour quatre mille dollars, lança la voix du présentateur du jeu télévisé, quel est le nom du plus petit État d’Europe ? »

— Pourquoi personne ne m’a rien dit ?

— J’en sais rien, répondit Vince avec un haussement d’épaules. On ne m’a rien demandé.

Fou de rage, je suis parti rejoindre les autres.

— Où est Ricky ?

— Au téléphone, répondit Bobby. Il est en communication avec le grand patron.

— Calme-toi, fit Mae.

— Je suis calme. Quel téléphone ? Quel bâtiment ?

— Jack, souffla Mae en posant la main sur mon épaule pour me retenir. Il est 22 heures passées. Laisse tomber.

— Laisser tomber ? Nous avons failli tous crever !

— Nous avons quelque chose d’important à faire, Jack.

J’ai regardé son visage calme à l’expression décidée. J’ai pensé à la rapidité et à la précision de ses gestes quand elle avait éviscéré le lapin.

— Tu as raison.

— Bien, fit-elle en s’écartant. Il nous reste à trouver des sacs à dos et nous serons prêts.

Ce n’était pas sans raison que Mae finissait toujours par avoir gain de cause. J’ai pris trois sacs à dos dans le placard de rangement ; j’en ai lancé un à Bobby.

— En route !

 

La nuit était claire et étoilée. Nous avons marché jusqu’à la réserve dont la forme se profilait sur le fond sombre du ciel. Je poussais la moto tandis que nous avancions sans parler. C’est Bobby qui a rompu le silence.

— Il va nous falloir des torches.

— Il va nous falloir des tas de choses, reprit Mae. J’ai fait une liste.

En poussant la porte de la réserve, j’ai vu Bobby rester prudemment en arrière, dans l’ombre. J’ai cherché un interrupteur à tâtons et j’ai allumé.

Rien ne semblait avoir changé depuis notre départ. Après avoir ouvert son sac à dos, Mae a commencé à avancer le long de la rangée d’étagères.

— Alors, il nous faut... des torches... des amorces... des fusées éclairantes... de l’oxygène...

— De l’oxygène ? s’étonna Bobby.

— Si c’est une cachette souterraine, nous pouvons en avoir besoin... et il nous faut de la thermite.

— Rosie en avait. Elle l’a peut-être posée quelque part avant de... Je vais jeter un coup d’œil.

Je suis passé dans l’autre pièce. La boîte contenant la thermite était renversée, les tubes éparpillés sur le sol cimenté. Rosie avait dû lâcher le tout en s’élançant vers la porte. Je me suis demandé si elle en avait gardé dans ses mains ; je me suis tourné vers la porte pour vérifier.

Le corps de Rosie avait disparu.

— Nom de Dieu !

Bobby est arrivé au pas de course.

— Qu’est-ce qui se passe ? Il y a un problème ?

— Rosie a disparu, répondis-je en indiquant la porte.

— Comment ça, disparu ?

— Son corps était là, Bobby, et il n’y est plus.

— Comment est-ce possible ? Un animal ?

— Je ne sais pas.

Je me suis avancé vers la porte pour m’accroupir à l’endroit où se trouvait le corps de Rosie. Quand je l’avais regardé, cinq ou six heures auparavant, il était couvert d’une sécrétion laiteuse ; il en restait sur le ciment. On aurait dit une pellicule de lait séché. Du côté où reposait la tête de Rosie cette couche était lisse et régulière, mais près de la porte elle était faite de traces étirées.

— On dirait que le corps a été traîné à l’extérieur, observa Bobby.

— Oui.

Je me suis penché pour regarder de plus près, dans l’espoir de découvrir des empreintes. Un coyote seul n’aurait pu traîner le corps ; il aurait fallu toute une bande. Ils auraient laissé des traces, et je n’en voyais aucune.

Je me suis relevé pour m’avancer sur le seuil. Bobby est venu me rejoindre et nous avons scruté l’obscurité du désert.

— Tu vois quelque chose ? demanda-t-il.

— Non.

Je suis retourné voir Mae : elle avait trouvé tout ce qu’elle cherchait. Des détonateurs au magnésium. Des fusées éclairantes. Des torches à halogène. Elle avait aussi des lampes frontales munies d’un ruban de caoutchouc. Des petites jumelles, des lunettes de vision nocturne, une radio. Des bouteilles d’oxygène et des masques à gaz en plastique transparent. J’ai reconnu les masques : j’avais vu les mêmes la veille au soir sur le visage des occupants de la camionnette garée près du lieu de l’accident, mais argentés.

La veille au soir ? Était-il possible que vingt-quatre heures seulement se soient écoulées depuis l’accident ?

J’avais l’impression que cela faisait un mois.

 

Mae était en train de répartir le matériel dans les trois sacs à dos. En l’observant, il m’est venu à l’esprit qu’elle était la seule à avoir l’expérience du terrain. En comparaison, nous menions une vie sédentaire de théoriciens ; je me suis senti étrangement dépendant d’elle.

Bobby a soulevé un sac et poussé un grognement.

— Tu crois vraiment que nous avons besoin de tout ce matos, Mae ?

— Tu n’auras pas à le porter ; nous avons des véhicules. Et puis deux précautions valent mieux qu’une.

— Bon, d’accord, mais... cette radio ?

— On ne sait jamais.

— Qui appelleras-tu ?

— Le problème, Bobby, est que si nous avons besoin de ce matériel, nous en aurons vraiment besoin.

— Je veux bien, mais...

Mae a saisi le deuxième sac et l’a passé par-dessus son épaule comme s’il ne pesait rien.

— Tu disais ? fit-elle en se retournant vers Bobby.

— Laisse tomber.

J’ai pris le dernier sac ; il n’était pas si lourd. Bobby râlait parce qu’il avait peur. Certes, la bouteille d’oxygène était encombrante et avait du mal à loger dans le sac, mais Mae tenait à ce que nous en ayons une réserve.

— Une réserve ? fit nerveusement Bobby. Tu crois que leur cachette sera si vaste ?

— Je ne sais pas, répondit Mae, mais les derniers essaims que nous avons vus étaient bien plus gros.

Elle s’est dirigée vers l’évier pour prendre le compteur Geiger. En le débranchant, elle a constaté que la batterie était à plat. Il a fallu dénicher une autre batterie pour la remplacer. Pourvu que la nouvelle ne soit pas déchargée, ai-je pensé ; cela nous mettrait dans de beaux draps.

— Il faudra utiliser avec précaution les lunettes de vision nocturne, glissa Mae. Je ne sais pas dans quel état sont les batteries.

Le compteur s’est mis à cliqueter rapidement, l’indicateur de charge a émis une lumière vive.

— Charge maximale, annonça Mae. Nous avons une autonomie de quatre heures.

— C’est bon, déclarai-je. En route.

Il était 22 h 43.

L’aiguille du compteur s’est affolée quand nous sommes arrivés près du Toyota ; les cliquettements étaient si rapprochés qu’ils faisaient un bruit continu. Tenant le compteur devant elle, Mae s’est éloignée de la voiture pour s’avancer dans le désert. À l’ouest le cliquettement diminuait, à l’est il augmentait d’intensité. Puis il a ralenti. Quand Mae a orienté l’appareil vers le nord, le rythme a accéléré.

— Nord ! déclara-t-elle.

Je suis monté sur la moto et j’ai fait ronfler le moteur.

Bobby est sorti de l’abri sur le véhicule tout-terrain. Avec ses grosses roues arrière et son drôle de guidon, le quad avait un aspect disgracieux mais c’était probablement le véhicule le mieux adapté à un trajet de nuit dans le désert.

À l’arrière de la moto, Mae s’est penchée sur le côté pour tenir la baguette du compteur près du sol.

— C’est bon, fit-elle. Roule.

Nous nous sommes engagés dans le désert sous un ciel sans nuages.

 

Le pinceau lumineux du phare de la moto montait et descendait sans cesse : il faisait mouvoir les ombres et rendait difficile la vision du terrain. Le désert qui paraissait si plat, si monotone à la lumière du jour dévoilait maintenant des déclivités sablonneuses, des lits pierreux de cours d’eau asséchés, des arroyos profonds qui se présentaient brusquement devant nous. J’avais besoin de toute mon attention pour garder la moto sur ses deux roues, d’autant plus que Mae ne cessait de parler pour m’indiquer le chemin à suivre. « À gauche... à droite, encore à droite... non, c’est trop, à gauche. » Il nous fallait parfois décrire un cercle complet avant qu’elle soit sûre de la direction.

Si quelqu’un avait suivi nos traces en plein jour, il aurait pensé que le conducteur était complètement ivre, tellement elles faisaient des tours et des détours. Sur le sol inégal, la moto décollait, faisait des embardées. Nous étions déjà à plusieurs kilomètres du labo et l’inquiétude me gagnait. J’entendais les cliquettements du compteur : leur fréquence diminuait. Il devenait difficile de distinguer la piste de l’essaim des radiations naturelles. Je ne comprenais pas pourquoi mais c’était indiscutable. Si nous ne trouvions pas rapidement la cachette de l’essaim, nous allions perdre sa trace.

Mae était inquiète, elle aussi. Elle se penchait de plus en plus bas, la baguette dans une main, l’autre bras passé autour de ma taille. J’ai été obligé de ralentir : la trace devenait trop ténue. Nous l’avons perdue, retrouvée, perdue de nouveau. Nous faisions demi-tour, nous tournions en rond sous la voûte étoilée du ciel.

C’est ainsi que je me suis trouvé en train de décrire des cercles en essayant de ne pas me laisser gagner par le découragement. J’en ai fait trois, j’en ai fait quatre, en vain. Le compteur de Mae cliquetait par à-coups. Il nous a soudain paru évident que nous avions perdu la trace de l’essaim.

Nous étions en train de tourner en rond en plein désert.

Plus de trace de l’essaim.

 

J’ai eu un coup de barre. J’avais marché à l’adrénaline toute la journée mais, maintenant que l’échec était évident, une vague de fatigue déferlait sur moi. J’avais les paupières si lourdes que j’aurais pu m’endormir sur la selle de la moto.

— Ne t’en fais pas, Jack, fit Mae dans mon dos, en se redressant.

— Tu en as de bonnes ! soupirai-je. Mon plan a lamentablement échoué.

— Tout n’est peut-être pas perdu.

Bobby est venu se placer à notre hauteur.

— Hé ! Vous avez regardé derrière vous ?

— Pourquoi ?

— Jetez un coup d’œil. Vous verrez tout le chemin qu’on a fait !

J’ai regardé par-dessus mon épaule. Au sud brillaient les lumières de l’unité de fabrication, étonnamment proches. Nous n’en étions qu’à deux ou trois kilomètres, pas plus. Nous avions dû décrire un large demi-cercle qui nous avait ramenés vers notre point de départ.

— C’est bizarre.

Mae était descendue de la moto pour se placer dans le faisceau du phare. Elle s’est penchée sur l’écran à cristaux liquides du compteur.

— Ah ! ah !

— Alors, Mae, qu’en penses-tu ? lança Bobby, plein d’espoir. Il est temps de rentrer ?

— Non, répondit Mae. Viens voir ça.

Bobby s’est approché et nous nous sommes penchés à notre tour sur l’écran. Il montrait un graphique de l’intensité des radiations qui diminuait progressivement puis chutait à la verticale.

— Qu’est-ce que ça représente ? demanda Bobby, perplexe.

— L’enregistrement de cette nuit, répondit Mae. L’appareil indique que, depuis notre départ, le rayonnement a connu une diminution arithmétique... continue, en palier, vous voyez ? Cela a duré jusqu’à la dernière minute, où nous passons à une baisse exponentielle pour retomber à zéro.

— Et alors ? fit Bobby. Qu’est-ce que ça veut dire ? Je ne pige pas.

— Moi, si.

Elle a repris sa place sur la moto.

— Je crois avoir compris ce qui s’est passé. Avance... lentement.

J’ai embrayé, la moto a commencé à rouler. À la lumière dansante du phare, j’ai distingué une légère élévation, des cactus rabougris...

— Moins vite, Jack.

J’ai ralenti. Nous roulions au pas ; j’ai étouffé un bâillement. Il n’aurait servi à rien de poser des questions à Mae : elle était trop concentrée. J’étais épuisé, près de m’avouer vaincu. Nous avons roulé jusqu’en haut de l’élévation, la surface du terrain est redevenue horizontale, puis j’ai senti que la moto commençait à descendre une pente...

— Arrête-toi !

Juste devant nous le sol semblait avoir disparu ; tout était noir.

— C’est une falaise ?

— Non, un escarpement.

J’ai fait avancer légèrement la moto. Il n’y avait plus rien devant ; nous nous sommes arrêtés juste avant le vide et j’ai réussi à me repérer. Nous nous trouvions au bord d’un à-pic de cinq mètres formant la rive d’un large cours d’eau à sec. Je voyais en contrebas des galets, quelques rochers et des bouquets de maigres végétaux s’étendant jusqu’à la berge opposée, distante d’une quarantaine de mètres. Au-delà, le désert retrouvait sa platitude.

— Je comprends, fis-je en me tournant vers Mae. L’essaim a sauté.

— Oui, il a décollé. Et nous avons perdu la piste.

— Il a dû retomber quelque part par là, ajouta Bobby en montrant le lit du cours d’eau.

— Peut-être, ce n’est pas sûr.

Je me disais qu’il nous faudrait de longues minutes pour trouver une descente, après quoi nous passerions un bon moment à errer au milieu de la végétation et des rochers avant de croiser à nouveau la trace de l’essaim. Cela pouvait prendre des heures et la réussite n’était pas certaine. Du haut de l’escarpement, nous distinguions au loin la surface du désert qui s’étirait à perte de vue.

— L’essaim s’est peut-être posé dans le lit du cours d’eau, soupirai-je, mais il a pu voler jusqu’à l’autre rive ou même cinq cents mètres plus loin.

Mae ne se laissait pas aller au découragement.

— Bobby, dit-elle, tu restes ici et tu marques l’endroit d’où il a sauté. Je descends avec Jack. Nous allons marcher d’est en ouest jusqu’à ce que nous retrouvions la trace. Nous réussirons, ce n’est qu’une question de temps.

— D’accord, fit Bobby. J’ai pigé.

J’ai acquiescé de la tête. Nous n’avions rien à perdre, mais nos chances de succès me paraissaient minces.

— Qu’est-ce que c’est que ça ? s’écria Bobby en se penchant sur le guidon de son quad.

— Quoi ?

— Un animal... J’ai vu des yeux brillants !

— Où ?

— En bas, dans ce buisson !

Il montrait un endroit au milieu du lit du cours d’eau.

J’étais perplexe. Du haut de l’escarpement, les faisceaux lumineux des deux phares éclairaient une large zone en arc de cercle, mais je ne voyais aucun animal.

— Là ! s’écria Mae.

— Où, là ?

— Il vient de passer derrière un bouquet de genévriers. Celui qui a la forme d’une pyramide, avec des branches mortes d’un côté.

— Je vois celui dont tu parles, mais...

— Il se déplace de la gauche vers la droite. Attends un peu, il va ressortir.

Au bout d’un moment, j’ai distingué deux points d’un vert étincelant. Près du sol, se déplaçant vers la droite. Puis une tache blanche en mouvement. J’ai aussitôt compris qu’il y avait quelque chose d’anormal.

Bobby aussi. Il a tourné son guidon pour diriger le faisceau lumineux du phare sur le bouquet de genévriers. Il a pris ses jumelles.

— Ce n’est pas un animal...

Nous avons encore entrevu du blanc – de la couleur de la peau – derrière le feuillage, mais fugitivement. Soudain, en voyant apparaître une autre tache blanche, je me suis rendu compte avec horreur que c’était une main humaine traînant sur le sol. Une main aux doigts rigides.

— Seigneur ! souffla Bobby, les jumelles collées aux yeux.

— Quoi ? Qu’est-ce que c’est ?

— Un corps qu’on traîne, répondit-il d’une voix étranglée. Le corps de Rosie.

La proie
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